
L'artiste fribourgeoise Jemima Sigrist, est probablement une des jeunes artistes les plus douées de sa génération. Ses tableaux nous plongent directement dans un univers où l'homme occupe une place infiniment petite, célébrant ainsi l'immensité, la majesté, de la nature. Ses peinture évoquent le ciel, la montagne, le chaos, la beauté. Elle se confie ici sur son parcours, ses convictions, sa conception de l'art.
Bonjour Jemima, pouvez-vous nous résumer votre parcours ? En quoi vous a-t-il mené vers l’art ?
C’est entre la Gruyère et Fribourg que j’ai vécu ma jeunesse. J’y ai suivi un parcours scolaire normal. Depuis toute petite l’art et les activités créatives m’ont toujours attiré, c’est pour cela que j’ai choisi de débuter mon cursus professionnel à l’école d’art et multimédia de Fribourg. Puis je me suis lancée de manière indépendante afin d’approfondir mon univers artistique au travers de ma personnalité et d’expérimenter de nouvelles choses.
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La question incontournable : où puisez-vous l’inspiration ?
C’est à travers la nature et l’univers que je m’inspire principalement. Mais tout ce qui m’entoure peut me captiver et m’inspirer.
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Y a-t-il des étapes, des préparations, particulières entre le moment où vous avez l’idée du tableau et sa réalisation ?
J’ai pris la liberté de ne pas avoir de structure dans la réalisation de mes tableaux. Il est important pour moi de m’exprimer spontanément afin que mon œuvre prenne vie. Ma façon de travailler est basée davantage sur le ressenti que sur la réflexion. Quand je peins, je ressens, je m’exprime !
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Parlons un peu de votre matière de travail. De quoi sont faites vos toiles et quelles peintures utilisez-vous ?
C’est de l’acrylique sur des toiles en coton ou en lin. Je travaille avec du matériel d’un certain standing afin de garantir une bonne qualité à mes œuvres et qu’elles puissent vivre le plus longtemps possible.

J’ai remarqué que vous ne titriez pas vos tableaux. Y a-t-il une raison particulière à cela ?
L’absence de titre à mes toiles permet à l’admirateur de continuer le voyage que j’ai commencé en la réalisant. Je souhaite réveiller une imagination plutôt que de la brider avec un titre ! Chacun pourra faire son propre voyage au travers de ma toile.
Face à une œuvre d’art abstraite, les ressentis peuvent varier d’un spectateur à l’autre. Quand je regarde les vôtres, j’éprouve un sentiment de finitude. Je me sens limité, petit, face à l’immensité de la nature. Est-ce que c’est voulu de votre part et pensez-vous qu’il y a une raison spéciale à cela ?
Effectivement, les ressentis peuvent varier, c’est ce qui est intéressant au travers l’art. La vie et nos expériences personnelles nous permettent d’avoir des perceptions propres à chacun.
Personnellement, je ressens plutôt l’immensité de la nature comme infinie et fascinante. J’aime dire que mes tableaux sont une fenêtre ouverte sur la beauté de la vie. Le sentiment de finitude et de petitesse pourrait peut-être refléter une certaine peur de l’immensité de notre univers.
En parlant de nature, quel est votre sentiment vis-à-vis du dernier rapport sur le climat, qui nous fait comprendre que la situation de la planète, déjà catastrophique, va encore empirer si rien ne change ?
Le rapport sur le climat actuel est alarmant, je ne sais pas où tout cela va nous mener mais j’essaie malgré tout de rester positive. Je profite d’admirer et de respecter la nature qui m’entoure.
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Quelle contribution peut, selon vous, apporter un artiste face à la situation climatique ?
Je pense qu’un artiste peut s’exprimer de bien des manières différentes selon sa personnalité pour transmettre sa vision du monde et du climat. Par exemple, certains feront de la récupération d’objets, d’autres essayeront de marquer les esprits en alliant des objets ou des matières contradictoires, il y a tellement de possibilités de s’exprimer sur ce sujet.
Pour ma part, mes tableaux sont une manière de relever la beauté du mouvement de la vie et de l’univers. Donner un sens plus précieux de ce qui nous entoure.

J’ai récemment interviewé une historienne de l’art qui se bat pour une plus grande reconnaissance du travail des femmes artistes et milite pour plus d’équité par rapport à leurs homologues masculins. En vous inspirant de votre propre expérience, quelles seraient vos suggestions pour améliorer la condition des femmes artistes en Suisse ?
Il est difficile pour moi de m’exprimer sur ce sujet car je n’ai pas assez de recul concernant les femmes artistes. Cependant, j’ai l’impression que les hommes sont mis davantage en valeur que les femmes dans beaucoup de domaines. Il est vrai, qu’en général ce sont principalement des artistes hommes qui sont mis en lumière au grand public.
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Quelle est à vos yeux la qualité la plus importante dans votre travail ?
Je dirais que l’imagination est la qualité la plus importante car c’est une liberté propre à chacun de pouvoir voyager à travers ses émotions et d’exprimer sa vision de la vie.
Quels sont les trois conseils que vous donneriez à quelqu’un qui désire se lancer dans une carrière artistique comme la vôtre ?
De s’écouter, d’oser, de persévérer dans ce qui nous plaît réellement
Nous arrivons au bout de notre interview. Vous avez le mot de la fin. Quel message souhaitez-vous adresser aux lecteurs de Muses-mag?
Laissez-vous porter par votre imagination
Merci, Jemima, d’avoir répondu à nos questions.