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La communication végétale​
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Aussi surprenant que cela puisse paraître, tout comme nous les arbres communiquent entre eux. Peu de gens le savent mais le plus vaste réseau naturel de communication est végétal. Mais bien au-delà de cette spécificité, nous avons de nombreux autres points communs avec les arbres.

 

En 2015, pour la première fois était réalisée une cartographie de la répartition mondiale des arbres par l’écologiste Thomas Crowther de l’ETH de Zürich. A l’issue d’un travail de terrain minutieux entamé en 2012, ce scientifique met en lumière une réalité : 90 % de toutes les espèces d’arbres sont associés à des champignons appelés «mycorhizes arbusculaires». Champignons qui sont liés les uns aux autres en un vaste réseau souterrain leur permettant d’interagir avec les plantes et de servir d’intermédiaire entre les végétaux. En réalité, de nombreux autres micro-organismes jouent le même rôle.

 

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Un réseau de communication complexe
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Lorsque nous nous promenons en forêt ou dans les bois, nous foulons des pieds sans le savoir un interminable réseau de micro-organismes invisibles à l’œil nu appelés «hyphes». Le Magazine Futura-Sciences définit l’hyphe comme étant «Une hormone végétale. Une substance biologique hautement active qui régule la croissance et le développement des plantes ». Le réseau des hyphes constitue un moyen pour les arbres d’échanger des informations entre eux. Ces échanges leur permettent de se protéger des prédateurs extérieurs comme les insectes ou les animaux herbivores. Le procédé est simple. Quand un animal herbivore mange les feuilles d’une espèce végétale, celui-ci envoie un signal sous la forme d’une impulsion électrique, qui est transmis aux arbres alentours grâce aux hyphes. Les «voisins», une fois l’alerte reçue, fabriquent des anticorps pouvant prendre plusieurs formes. Dans certains cas, ils peuvent prendre la forme d’un tanin amer qui rend les feuilles immangeables.

D’autres hormones végétales, les jasmonates, qui interviennent dans la régulation du système immunitaire et de la croissance des plantes participent également à leur système défensif. Selon le professeur Farmer, biologiste à l’université de Lausanne : «En cas d'attaque, les jasmonates s'accumulent dans la feuille mangée et dans les autres feuilles. Elles vont freiner la croissance de la plante et induire l'expression de plus de 1000 gènes de défense avec, pour conséquence, la production de composés toxiques ou de protéines qui bloquent la digestion des mammifères ou insectes herbivores». L’aptitude des arbres à diffuser des informations a été prouvée par de multiples expériences. L’une des dernières en date est celle de Suzanne Simard. Cette chercheuse américaine, après avoir diffusé du carbone légèrement radioactif sur un bouleau à papier, a pu constater que le gaz absorbé et transformé en sucre pouvait être retrouvé chez un pin voisin.

 

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Une sensibilité à fleur d’écorce

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La capacité de communiquer n’est pas la seule aptitudes que les végétaux partagent avec les humains. En effet, les recherches prouvent que les arbres sont aussi sensibles que nous. À la place de notre sens de la vue, les arbres perçoivent des stimuli visuels. Ainsi, ils sont sensibles à la lumière dont ils détectent la qualité et la quantité au moyen de photorécepteurs situés sur les feuilles. Le sens du toucher se fait au moyen des racines. Dans son livre "L’intelligence des arbres", le biologiste italien Stefano Mancuso nous apprend que « Des expérimentations en laboratoire ont montré que la racine "tâte" l'obstacle, qu'elle continue à pousser et qu'elle le contourne afin de le franchir». Chez certaines plantes, le sens du toucher passe par les feuilles. C’est le cas du mimosa pudique dont les feuilles se replient par réflexe défensif dès qu’on le touche. M. Mancuso, en poussant ses recherches, a aussi découvert que les végétaux étaient sensibles à la musique. Comme il en témoignent dans les conclusions suivantes : «En collaboration avec le Laboratoire international de neurobiologie végétale et la société Bose, un viticulteur a essayé pendant cinq ans de faire écouter de la musique à certaines de ses vignes. Les effets constatés ont de quoi surprendre : non seulement les vignes soumises à cette cure musicale ont mieux poussé que les autres, mais elles ont de surcroît mûri plus vite et produit un raisin plus riche en goût, en couleur et en polyphénols». Enfin, nous n’en sommes pas à une surprise près, les arbres seraient aussi capables de sentir, ainsi que nous l’affirme le scientifique italien : «Toutes les odeurs exhalées par les végétaux, par exemple le romarin, le basilic, le citron ou la réglisse équivalent à des messages précis : ce sont les "mots" des plantes, leur vocabulaire. Chez elles, des millions de composés chimiques différents fonctionnent comme les signes d'une véritable langue, dont nous savons hélas trop peu».

En définitive, il y a moins de différences qu’il n’y paraît entre les arbres et nous. Peut-être le temps est-il venu de nous comporter envers eux comme des frères dans le fragile cycle du vivant plutôt que d’impitoyables prédateurs.

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Jean M.

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